weinsanto
dÉfilÉs — automne-hiver 2022/2023
07 mars 2022 — texte cyril vinchon & yvan maurize
Les trois mots — Murder in Paris — inscrits sur l’invitation au défilé laissaient présager quelque chose d’inattendu et de spectaculaire… Et le monde de la mode n’était effectivement pas prêt à assister à cette présentation sensationnelle au casting prestigieux.
Les murs du 35-37 rue des Francs-Bourgeois sont recouverts de bandes plastiques estampillées Weinsanto Paris. Cependant, elles ne sont pas là pour nous dissuader d’entrer mais plutôt pour nous inviter à résoudre l’énigme qu’est la quatrième collection du créateur. Le défilé commence et tout s’enclenche : la silhouette de Mimi habillée d’un justaucorps au motif jeu de carte surmontée d’une coiffe « méduse » ouvre le bal. Le nouvel imprimé Weinsanto automne-hiver 2022/2023 est là pour faire honneur à ses amies muses et fait la part belle à Adriana Pagliai, amie et créatrice des images. Entre pièces artisanales, couture extravagante et pièces sportives chic, les codes de la maison sont retrouvés et le mystère plane quant à qui a commis l’impardonnable.
Les dés sont jetés et le rose et le noir — combinaison bicolore fétiche du créateur — accompagnent les formes et les coupes asymétriques des vêtements : La Grande Dame arbore une mini robe au même motif, dévoilant 1m10 de jambes interminables. Pas plus tôt partie qu’une touche sportive chic s’invite aux silhouettes grâce à des survêtements en soie rembourrée, des combinaisons, des blousons aviateur et des pièces en jersey. Une veuve noire fait son apparition et sa coiffe drapée se fond dans un pantalon noir taille haute. Son couvre-chef, fabriqué en suivant la technique Gabrielle, devient un sac à dos. Soudain, comme une ombre apportée au tableau, la chanteuse Sam Quealy débarque toute de velours noir vêtue en brandissant un sac « fléau d’armes » — dont l’inspiration médiévale est évidente — et laisse penser qu’il s’agit de l’arme du crime. Puis vient le tour d’Allanah Starr, la séductrice fatale, de faire tourner les têtes avec son corps somptueux enveloppé dans une robe seconde-peau.
Le clou du spectacle est sans contredit l’apparition dramatique de la mariée, incarnée par Philippine Leroy-Beaulieu, clôturant le défilé. C’est donc elle qui a tout orchestré et qui mène la danse sous un « chapeau champignon » aux symétries légèrement imparfaites, brodé de chaînes, de perles et de strass. Elle déambule en défiant du regard quiconque se dresserait sur son chemin dans une robe corset sculptant son corps époustouflant.
Cette saison encore, Victor Weinsanto insuffle une dose d’énergie à la semaine de la mode parisienne en affirmant davantage son style et nous ramène dans le Paris séducteur, ravageur et irréfutablement mode qu’on aime.