Dans la lignée des travaux de Schiaparelli, Daniel Roseberry tend la main à des créations surréalistes, à la hauteur du contexte apocalyptique. On s’imagine facilement dans l’une des aventures d’Enki Bilal, lunettes sur le bout du nez, vent dans les cheveux laqués, slalomant entre les ruines. Scénariste de nos vies, Daniel Roseberry nous propose de pimenter la narration, sans retenue ni détour : dans cette collection, un clin d’œil est fait au Surréalisme et nous en sommes fous ! Certaines pièces font écho à l’héritage de la maison, notamment les trompe-l’œil avec un ensemble en toile de denim boutonné dans le dos, des sacs-poitrines, et des ceintures-bustes, etc. Les bijoux quant à eux sont exubérants et extravagants : les seins, les orteils, le nez, les molaires sont tout autant de choses qu’on n’imaginerait pas être mises en avant, et pourtant. Cette collection met en lumière des parties du corps habilement choisies pour célébrer la puissance féminine. Les parures énigmatiques en forme de tétons et oreilles percées s’apparentent à des reliques. Le bijou en sortant de sa fonction première, devient à la fois porteur de message et figuratif : le cadenas est-il le protecteur de notre intimité, ou un simple objet de délire ? Les silhouettes deviennent des statues sculptées dans des matières imposantes, figées dans leur mouvement. Les pieds ancrés au sol, elles affirment leur prestance par des épaules marquées, des tailles droites ou très soulignées. Elles s’écartent toujours plus du contrôle de la raison en exagérant certains membres, comme on peut le voir sur les gants en agneau noir vernis, soulignés par un shearling ivoire. Plateformes XXL, capuches parachutes, tous les éléments sont réunis pour offrir une sensation d’envol. La palette de couleurs des vêtements reste sobre afin de mieux laisser la lumière se refléter entièrement sur les bijoux dorés. La femme Schiaparelli laisse alors quelques clés pour appréhender les problématiques actuelles sans trop se prendre la tête, et nous rappelle qu’encore une fois, il faut attendre l’inattendu de la maison Schiaparelli.
texte ÉLISA JUGE-HOLTERMANN
schiaparelli automne-hiver 2021 — vidéo
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