louis-gabriel nouchi
printemps-été 2022
28 JUIN 2021 — texte CYRIL VINCHON entrevue mathias quinton photographies ben fourmi
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Une fois n’est pas coutume et Louis-Gabriel Nouchi fait de cette reprise des défilés en présentiel un moment inoubliable, chargé en émotions. La saison printemps-été 2022 se caractérise par l’audace et le fait de braver les interdits, surtout en amour : Unauthorized fait la part belle à tous ceux qui ont entrepris une histoire qui ne devait pas être. C’est en s’inspirant d’une des auteures françaises les plus célèbres, toutefois sans la nommer, que le créateur livre à cœur ouvert sa définition de la sensualité en Indochine. Il est clair que désormais, Louis-Gabriel Nouchi intègre impunément à son vestiaire des pièces qui frisent à la fois l’érotisme et qui semblent n’être destinées qu’à être portées en intérieur. Cependant, cela serait mal connaître le créateur si l’histoire ne connaissait de rebondissement : ces pièces sont incontestablement élégantes, laissant ainsi la possibilité de les porter non plus dans l’intimité ou sous une tenue, mais en tant qu’élément charnière de cette dernière. Les dessous deviennent dessus, et se démocratisent comme pierre angulaire de la silhouette. Viennent s’ajouter à cela des nouveautés telles que le trombone, consommable de l’univers de l’édition, subtilement repensé et décliné en boucle de ceinture, en broche, etc., ou une ligne de maillots de bain en nylon recyclé. Le ciel chargé et gris du défilé faisait écho à l’atmosphère humide et chaude dans laquelle s’inscrit cette collection, et une chose est sûre, c’est que plus que jamais, la maison LGN campe sur ses positions pour faire savoir au monde qu’elle trace son propre chemin, loin des sentiers battus et des idées préconçues afin de proposer une mode simple, intelligente, unique et follement efficace. À l’occasion de son défilé, Sacrebleu! rencontre le créateur qui fait un décryptage express de ce que sera la saison printemps-été 2022 selon lui :
Décrivez votre nouvelle collection en trois mots.
Sensuelle, intellectuelle et rebelle.
Comment est-elle née ? Quelles en sont les inspirations ?
Inspirée d’un livre qu’on ne peut citer, il s’agit d’une ode à la sensualité, deux personnes qui s’aiment malgré tout qui les séparent. Dans une ambiance indochinoise, la traversée du Mékong devient un moment charnel et sensuel entre cette jeune fille et cet homme chinois. La collection est une réflexion sur le peignoir, le vêtement d’intérieur qui devient extérieur, l’intime et le transgressif. Le motif de la collection, le papier marbré des intérieurs de livre, coque autant l’eau que ce côté intellectuel et caché.
Quel est le message que vous avez voulu transmettre ?
Que l’on peut être sexy sans être vulgaire.
Selon vous, quelle est la pièce phare de cette collection ?
Nous avons développé un nouveau jersey en dévoré, qui évoque parfaitement cette idée de transparence, de sensualité, de lingerie.
Cette collection s’inscrit-elle dans votre approche éco-responsable de la mode ?
Toutes les teintures sont faites à partir d’éléments naturels tels que le café, la betterave, le hêtre. Nous avons également privilégié notre usage du cupro, du lin, et des mélanges pour diminuer notre impact environnemental. Nous avons interdit des tissus développés en France (une première pour nous). Le laser sur le denim, ainsi que des méthodes de motif par lustrage permettent de créer des imprimés sans procédé chimique invasif. Nos boutons et griffes sont en plastique recyclé, les étiquettes sont en papier sans javel.